Le Canadien moyen consomme une quantité de viande rouge bien en deçà des recommandations du Guide alimentaire canadien.

Les enquêtes sur la santé dans les collectivités canadiennes, menées en 2004 et 2015 sur la base de rappels alimentaires de 24 heures, ont révélé que la consommation de viande rouge (fraîche et transformée) avait diminué de 75 grammes à 61 grammes, soit une différence de 14 grammes. En moyenne, les Canadiens consomment des viandes rouges et des viandes transformées dans les quantités recommandées par le Guide alimentaire canadien.

Grammes moyens par jour – 2004

1* Viande rouge fraîche : 53.5g
2* Viande rouge transformée : 21.9g


Total : 65.4g
Grammes moyens par jour – 2015

1* Viande rouge fraîche : 41.4g
2* Viande rouge transformée : 19.9g


Total: 61.0g

1* Comprend le bœuf, le veau, le porc et l’agneau – y compris la viande hachée et les steaks hachés.
2* Comprend le bœuf salé, le bacon (pas le bacon de dinde ou de poulet), le jambon, les saucisses (pas celles de dinde ou sans viande) et la charcuterie (non considérée comme de la volaille).

La baisse de la consommation de viande est confirmée par les données de Statistique Canada sur les disparitions, où l’offre nette est divisée par la population canadienne.

Statistica Canada Disparition de la viande au Canada 1980-2016

Quel serait donc le danger si les Canadiens réduisaient encore leur consommation de viande rouge, comme l’affirme la presse populaire ? Cela pourrait certainement aggraver une situation déjà préoccupante d’apports insuffisants en nutriments essentiels, en particulier chez les femmes.

Selon la Revue des preuves pour les recommandations alimentaires de Santé Canada, un nombre important de femmes – 48 % des femmes âgées de 31 à 50 ans et 69 % des femmes âgées de plus de 70 ans – consomment déjà moins que le nombre recommandé de portions de viande et de substituts. Il en va de même pour 56 % des adolescents de sexe masculin.

Le rapport note également que certains canadiens, en particulier les femmes et les personnes âgées, ont des apports insuffisants en fer, en zinc et en vitamine B12. Le fer et le zinc sont présents dans la viande rouge sous la forme la plus facilement assimilable par l’organisme et la vitamine B12 ne se trouve que dans les aliments d’origine animale. Il est préoccupant de constater qu’une réduction supplémentaire de la consommation de viande rouge dans ces groupes de population pourrait entraîner des carences affectant la santé mentale, les niveaux d’énergie et le poids des enfants à la naissance. Il est certain que certains canadiens gagneraient à manger plus de viande.

La véritable préoccupation de santé publique devrait être la consommation étonnante d’aliments ultra-transformés.

Une nouvelle étude commandée par la Fondation des maladies du cœur du Canada montre que la consommation d’aliments ultra-transformés au Canada continue d’augmenter et atteint un niveau alarmant, représentant près de la moitié de notre apport calorique quotidien. Ces aliments comprennent les fast-foods, les boissons sucrées, les snacks, les chips, les bonbons, les biscuits, les produits laitiers sucrés, les céréales sucrées, les sauces et les vinaigrettes. Les aliments ultra-transformés représentent 48 % de l’apport énergétique quotidien total, tandis que les viandes rouges fraîches et transformées ne représentent que 8 % de l’apport énergétique total.

Pour la plupart des gens, l’équilibre passe par le remplacement des céréales raffinées et des calories vides par des céréales complètes et des légumes, et non par la réduction de la viande.


Références

Ultra-processed foods in Canada : consumption, impact on diet quality and policy implications, décembre 2017, Fondation des maladies du cœur du Canada.Données sur les disparitions apparentes, Statistique Canada

Enquêtes sur la santé dans les collectivités canadiennes (nutrition) 2004 et 2015, Statistique Canada
Rapport technique sur l’examen des données probantes pour les lignes directrices en matière d’alimentation, 2015, Santé Canada